Sélection de la langue

Lire notre blogue /

Langage inclusif au travail : mieux choisir nos mots

Les mots comptent. C’est on ne peut plus vrai en matière de conception de services. Ici, au Service numérique canadien (SNC), nous cherchons à utiliser des mots de tous les jours. Cela contribue à rendre nos services plus inclusifs et plus compréhensibles.

Dernièrement, nous avons aussi accordé plus d’attention aux mots que nous employons pour travailler sur les services en question. Dès nos débuts, nous avons configuré notre Slackbot pour réagir à certains termes non inclusifs et y suggérer des alternatives. Pourquoi? Parce que nous voulons inclure tout le monde, et que cela commence par notre vocabulaire.

Le poids des mots

Les mots et expressions que nous utilisons dans notre quotidien professionnel nous rappellent que contrairement à ce que suggèrent des expressions comme « des paroles en l’air » ou encore « les paroles s’envolent », les mots ont un poids.

Une grande partie de notre vocabulaire néglige l’impact de notre histoire et des modes de pensée liés à la suprématie blanche, au colonialisme et au patriarcat. Nous ne reconnaissons pas toujours que ce vocabulaire a été utilisé par des groupes en position de pouvoir pour vulgariser et oppresser les autres et pour nier leur identité. Dans son livre Beloved, Toni Morrison nous rappelle que « les définitions appartiennent aux personnes qui les définissent, et non à celles qu’elles définissent. »

Repenser son vocabulaire

« Enterrer la hache de guerre » est une expression parmi d’autres à être entrée dans le langage courant malgré sa vulgarisation de l’histoire et des traditions des peuples des Premières Nations, inuits et métis. Et que dire du terme « hystérique » , désignant à l’origine un trouble psychique exclusivement féminin?

D’ailleurs, les termes relatifs à la santé mentale sont bien souvent utilisés à tort et à travers. Il n’est pas du tout rare d’entendre les expressions « ça me rend fou » pour parler de quelque chose qui nous insupporte ou « c’est dingue » pour qualifier une situation étonnante. Sans oublier le « j’ai vraiment des T.O.C. » pour dire que l’on est un peu perfectionniste. Bien qu’ils soient si largement utilisés dans le langage courant, ces termes n’ont en réalité rien d’anodin et contribuent à banaliser les problèmes de santé mentale. Ils n’ont rien à faire dans nos conversations professionnelles.

L’industrie de la technologie a quant à elle son lot de termes problématiques, comme « maître » et « esclave ». Cette formulation est très critiquée, à juste titre, car elle néglige le poids historique de ces mots : un maître (au sens historique du terme, un ravisseur) contrôle un esclave (au sens historique du terme, un otage). Il est aussi préoccupant et inexact de présenter le « maître » comme l’original puisque cela revient à nier l’histoire des personnes noires et à les présenter comme de simples copies.

Les termes de « liste blanche » et de « liste noire » posent également problème car ils attribuent une connotation positive à la couleur blanche et une connotation négative à la couleur noire – un schéma classique. Si ces termes font simplement référence à une « liste autorisée » et à une « liste interdite », pourquoi ne pas simplement les appeler ainsi?

Mieux choisir ses mots

Nos paroles ont bien plus d’impact que nous ne le pensons. C’est en prenant le temps de nous éduquer que nous pouvons apprendre à choisir un langage plus inclusif. C’est en tenant compte de l’histoire que nous pouvons éviter de la répéter.

Certains changements peuvent se faire assez facilement, même pour des termes que l’on utilise depuis longtemps. Les rappels cordiaux et automatiques de Slackbot m’ont permis de dire adieu à certaines expressions, à l’écrit comme à l’oral.

Pour continuer en ce sens, voici une liste de termes habituels dans le contexte professionnel que nous essayons d’éliminer du vocabulaire du SNC.

Viser le progrès, pas la perfection

Nous ne visons pas la perfection du jour au lendemain. Le mois dernier encore, j’ai accidentellement utilisé le terme de « liste blanche » et je suis reconnaissant que l’on m’ait fait remarquer mon erreur. C’est en préférant le progrès à la perfection que nos organisations et nous-mêmes pouvons gagner en inclusivité.

Si vous cherchez vous aussi à mieux choisir vos mots, voici quelques-unes de nos stratégies :

  • Si vous faites une erreur, corrigez-la immédiatement et passez à autre chose.

  • Faites vos propres recherches afin de découvrir pourquoi certains mots inacceptables sont si répandus et faciles à répéter.

  • Si vous réalisez que vous continuez à utiliser un terme sans le vouloir, trouvez un binôme qui vous mettra face à vos responsabilités.

  • Lorsque vous parlez, prêtez attention à l’impact de vos paroles sur vos interlocuteurs. Guettez les silences, les soupirs ou les tensions.

Bien sûr, l’expression « des paroles en l’air » n’a pas tort de pointer du doigt quiconque parle à la légère. Mais nos paroles ont un poids : celui de l’histoire. Si nous ne pouvons pas changer cette dernière, nous pouvons choisir nos mots avec soin pour que chaque jour soit plus inclusif que le précédent.